"Qu'allez-vous faire de cette souffrance ? Allez-vous vous soumettre ? Allez-vous pleurer ? Allez-vous faire une carrière de victime, comme on vous y encourage ? On vous donnera une petite pension, mais taisez-vous. Et encore, si on vous donne une pension, c'est bien, parce que la France est généreuse. Alors, en échange, taisez-vous. À ce moment là, la réaction, c'est de se demander quel est votre espace de liberté. Quand je dit "votre", je parle aussi de moi".
"Qu'est-ce que vous avez fait de ce qu'on a fait de vous ?"
"Quand on arrive au monde, on doit appartenir à une langue, à une famille, à une culture. On doit apprendre les chansons de sa culture, les repas, les plats, les rituels religieux ou laïques pour appartenir à une famille, pour appartenir à une culture. C'est nécessaire pour constituer son identité et savoir comment se comporter dans la vie. C'est délicieux, car si on partage les mêmes rituels, on va s'aimer. C'est délicieux car on appartient à une famille et à une histoire. C'est dangereux, car si on clôt le système, on va n'appartenir qu'à cette langue, qu'à cette culture ou à cette famille, et on risque alors d'ignorer ou de mépriser les autres."