De l’importance des signes de reconnaissance

M. & Mme « Sois parfait »

Et si Berne s’était trompé ?

Lorsqu’il réfléchit à sa théorie des contacts sociaux, en particulier dans :  « Analyse Transactionnelle et psychothérapie » Berne propose l’idée de « transactions » pour comprendre comment fonctionne l’échange d’informations entre deux personnes humaines.
Il définit la transaction comme étant :  « l’aspect manifeste des échanges sociaux » qui sont caractérisés d’une part par un stimulus et de l’autre par une réponse. Cette définition de la transaction s’applique donc à l’aspect « manifeste » autrement dit, « visible » ou « conscient » de l’échange.
Plus loin, dans son œuvre, il dit qu’une « transaction est l’unité de base du discours social ». Ce qui implique que l’homme est un être social ayant besoin de communiquer.
Aujourd’hui, la définition officielle proposée par l’ITAA ou l’EATA   du concept de transaction est : « Une transaction est une unité d’échange social. » De plus toute transaction comporte un stimulus et la réaction appropriée à ce stimulus. Elles sont représentées au moyen de flèches reliant les États du Moi concernés.
Une transaction représente donc l’aspect conscient (visible) de l’échange entre deux ou plusieurs humains, qui est lui-même constitué de deux éléments : le stimulus et la réaction au stimulus.
Ensuite Berne fait un lien entre « transactions » et « signes de reconnaissance » disant qu’une transaction est « un échange de signes de reconnaissances, contenant un stimulus et une réponse, provenant d’un État du Moi de l’un des interlocuteurs et s’adressant à un Etat du Moi de l’autre ». Dans cette définition le message (le contenu) de l’échange serait dont essentiellement constitué de signes de reconnaissance.
En résumé : la théorie Transactionnaliste conçoit donc l’action de communiquer comme fondé sur l’échange de « signes de reconnaissance » entre un « émetteur » qui transmet le stimulus et un « récepteur » qui y réagit.
Enfin, il propose trois catégories de transactions (les transactions parallèles ou complémentaires,  les transactions croisées et les transactions cachées dites aussi transactions à double fonds), qu’il met en relation avec trois « lois de la communication » qui en découle.
Dans le même temps que la théorie Transactionnaliste, des psychologues et des psychanalystes s’intéressant à la communication entre les mères et leurs bébés, ont démontré que l’incapacité du bébé à s’exprimer verbalement (c’est-à-dire le contenu)  n’est en rien un frein  à la communication avec sa mère.
Ils ont démontré, notamment par l’usage de films montrant des interactions entre des mères et leur bébés, que dans le contenu de l’échange entre eux, la qualité des pleurs, des mimiques,  des postures corporelles,  le croisement des regards, la couleur de leurs peaux, des tensions musculaires sont autant d’éléments intrinsèquement liés à la transmission du message  communiquant.
Les transactions (échanges) entre une mère et son bébé existent donc belle et bien, mais contiennent infiniment plus de choses que l’échange de quelques signes de reconnaissance conscients.
De plus en plus de ces chercheurs pensent également, que cette capacité d’échange créée dès les premières heures de notre vie, perdure durant toute notre existence. Ce qui veut dire qu’adulte, lorsque nous échangeons des transactions avec les autres nous sommes également attentifs, mais de manière inconsciente, à l’ensemble de ces autres messages qui nous sont adressés en plus du langage verbal.
La pensée psychanalytique moderne reconnaît aujourd’hui que dans le langage humain, trois systèmes de message et de signifiant cohabitent : le langage verbal, le langage non-verbal et le langage de l’affect.
Nous savons bien, nous autres analystes transactionnels, que le processus est plus important dans l’impact de la communication que le contenu. Cependant, je pense que nous ne sommes pas suffisamment attentifs à cet aspect des choses lorsque nous pratiquons l’analyse des transactions et ce en particulier lorsque nous nous arrêtons au seul contenu conscient des mots échangés entre des personnes.
Non, bien sûr Berne ne s’est pas totalement trompé sur ce sujet, puisqu’il lie la théorie des transactions à celle de l’échange des signes de reconnaissance et  des soifs existentielles.  Ce qui montre en filigrane dans ses écrits, l’importance qu’il accordait au processus.
Mais aujourd’hui, les apports de la psychanalyse moderne (les études de ces 20 dernières années en particulier) ainsi que d’autres courants tels que la PNL ou le mentalisme (l’art du spectacle qui consiste à faire croire qu’il est possible de lire dans les pensées des spectateurs), nous invitent à prendre acte de l’importance dans notre communication humaine de tout ce qui n’est pas dit (la communication non verbale et la communication du langage affectif).
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