Lors de la conférence que j'ai donnée le 12 mars à la médiathèque de Tulle sur « les conflits au travail et à la maison », une personne m'a posé la question de la gestion des conflits dans des groupes qui ont décidé de fonctionner sans leader.
Je soutenais en effet que la responsabilité de régler les conflits dans le groupe appartenait au leader du groupe ((La structure d'un groupe de travail selon Berne comprend la zone des membres et la zone de leadership. La personne qui m'a interrogée nous a dit appartenir à un groupe de travail sans leader, ce qui pose autrement le problème de la responsabilité.)) et que toute intervention d'un membre pour le faire risquait d'entrainer une compétition avec le leader et de devenir une source de jeux psychologiques, d'où la nécessité pour les membres soit de s'abstenir, soit d'élaborer une stratégie prenant en compte la situation particulière, comme par exemple de faire alliance avec des collègues pour poser collectivement le problème afin qu'on ne puisse plus faire comme s'il n'existait pas.
Que se passe-t-il alors dans les groupes à fonctionnement coopératif qui ont décidé que tout le monde était responsable de tout ? D'où ma question : Qui éteint la lumière quand l'activité est terminée ? En général quelqu'un en est chargé et s'il oublie, c'est le leader qui le fait, c'est-à-dire la personne qui est responsable de l'atteinte par le groupe de son objectif et de la réalisation du contrat initial. Comme le capitaine d'un navire, il est le dernier à partir.
Nous avons des exemples de fonctionnement coopératif dans les groupes d'AT, tels que les groupes de pairs qui se veulent des groupes « sans chef », où le fonctionnement est contractuel avec répartition des tâches et animation tournante. Nous y fonctionnons avec des rôles contractuels où chacun agit comme convenu et où l'on débat dès qu'une difficulté apparaît. Mais nous sommes aidés par notre culture du contrat et nos habitudes de communication qui réduisent certains risques. En plus, les groupes sont réduits. Ils fonctionnent de manière ponctuelle et non pas dans l'activité régulière comme dans la vie professionnelle. Ils peuvent donc éviter un bon nombre de problèmes. La notion de rôle contractuel que j'ai empruntée à Fanita English et la pratique de ces rôles peuvent rendre grand service à tous. Elles ont leur place dans la formation de chacun à la vie en démocratie.