Un roman de thérapie, alternant avec des chapitres de théorie.
AT.FR : Pourquoi un roman ?
LH : Lire un manuel ou bien lire un roman – dilemme, dilemme… Combien d’entre nous préfèrent les romans ? Pour ma part, en tout cas, je me plonge avec délices dans une histoire, alors que l’étude d’un livre sérieux nécessite un autre état d’esprit, un autre niveau d’énergie.
C’est pourquoi cette petite « danse borderline » est surtout un roman. Pour les flemmards, les fatigués – et les courageux qui n’ont pas envie de travailler dur. Et pour ceux qui aiment les romans ! C’est le récit abrégé de ce que pourrait être une psychothérapie, avec la patiente fictive qu’est Ivana. Évidemment, le récit n’est pas complet, il y manque tous ces moments, pas drôles à raconter ou à lire mais vraiment indispensables, où il semble ne rien se passer, où on repasse au tamis les choses qu’on a commencé à comprendre et dénouer
On les repasse, encore et encore, elles s’éclairent de plus en plus. Et puis parfois, il y a ces séances qu’une prise de conscience plus forte, un vécu transférentiel irrésistible ou le dégel d’une émotion rendent mémorables. Ce sont celles-là qui figurent dans l’histoire racontée ici, pour ponctuer le chemin que parcourt Ivana, entre son arrivée dans le cabinet de Mathilde, en proie à des tempêtes émotionnelles impossibles à contenir, jusqu’à son départ dans un état apaisé.
AT.FR : Et l’AT, là-dedans ?
LH : Les chapitres de théorie expliquent ce voyage à la lumière notamment de concepts d’analyse transactionnelle : les états du moi décelables à la première séance, l’aperçu du scénario que présente la cliente, ses jeux dus au manque de mentalisation ; l’évolution des états du moi au cours du travail, le traitement du Parent. Le reste des commentaires théoriques est formulé en termes de psychologie générale, pour montrer que la praticienne, analyste transactionnelle, travaille d’une façon qui peut ressembler à ce que fait tout psychopraticien relationnel. L’analyse transactionnelle est une des bonnes méthodes de thérapie parmi d’autres, ses concepts se marient heureusement avec d’autres.
AT.FR : Un tel livre est destiné à quel public ?
LH : Pour une personne en thérapie, cet ouvrage peut être intéressant à lire non seulement parce qu’on voit avancer Ivana, à travers les difficultés et les découvertes, mais aussi parce que le point de vue de la praticienne est révélé autant que celui de la patiente. Ah, savoir enfin ce qu’un psy peut penser, pendant qu’il reste assis là, à recevoir nos états d’âme !
Pour un jeune thérapeute, l’histoire offre un déroulé possible d’une thérapie de personne en grande souffrance, avec en prime les chapitres de théorie qui éclairent divers aspects d’un tel traitement. Il ne s’agit pas du modèle à imiter, mais d’un modèle possible, qui donne une bonne idée des hauts et bas, des turbulences probables dans un tel parcours.
Laurie Hawkes est psychologue clinicienne, psychopraticienne et didacticienne en analyse transactionnelle (à l’École d’AT-Paris Ile-de-France, www.eat-paris.net)