Vers son étoile...

L'AT, un outil pour donner du sens aux interactions humaines

Manifeste pour une pratique de l'AT

Plan :

  1. Des outils pour décrire les interactions humaines
  2. Sens et réalité
  3. Sens et narration
  4. Co-construction du sens
  5. Sens ou influence ?
  6. Sens et culture
  7. Culture et Analyse Transactionnelle
  8. Conclusion

Des outils pour décrire les interactions humaines

L'Analyse Transactionnelle propose des grilles de lecture pour décoder les relations humaines. A travers une mise en perspective de « ce qui se passe ici », elle permet de donner du sens aux interactions, à la lumière des processus intrapsychiques.

Sens et réalité

Il ne s'agit pas de donner un sens unique, un sens qui serait plaqué de-abrupto sur les échanges humains. Le sens a pour fonction d'être congruent avec la réalité de ce qui est vécu.
Or les points de vue sur la réalité peuvent diverger, comme l'illustre le film du cinéaste japonais Kurosawa, dans lequel les témoins d'un crime donnent des versions très différentes de ce qui s'est passé.
C'est comme si chaque témoin était plus sensible à certains aspects de la situation qu'à d'autres, et les filtrait dans sa prise en compte des événements. Ce filtre est appelé cadre de référence. Il est construit à partir de la sensibilité et de l'histoire personnelle. C'est un élément essentiel à prendre en compte pour se mettre d'accord sur la situation, et éviter les .
L'écueil serait de ne pas entendre le point de vue de l'autre, s'il est trop discordant avec son propre cadre de référence. Le neuropsychiatre l'illustre dans la préface de son livre De chair et d'âme ((Cyrulnik Boris. De chair et d'âme. Odile Jacob, 2006)). « A cette époque, les neurologues méprisaient les psychiatres qui proposaient des psychothérapies à des patients souffrant de tumeurs cérébrales. Et les psychiatres s'indignaient quand ils constataient qu'on pouvait soulager en quelques entretiens des personnes dont le cerveau avait été fouillé par des machines pas toujours merveilleuses ». Dans cet exemple, chaque spécialiste considère exclusivement la personne selon sa propre approche, neurologique ou psychologique.

Sens et narration

Les précurseurs de la prise en compte du cadre de référence furent les fondateurs du , parmi lesquels , qui insiste sur les effets de la communication, c'est-à-dire sur ce qui est raconté de ce qui s'est passé, et qui va devenir dans la conversation la réalité de la situation. Quand Thomas raconte comment sa relation avec Anne a commencé, il fixe les événements qui se sont déroulés, qui deviennent LA narration de leur histoire d'amour. « De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu'il n'existe qu'une seule réalité. En fait, ce qui existe, ce sont différentes versions de la réalité, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes l'effet de la communication et non le reflet de vérités objectives et éternelles » ((Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, Seuil, Paris, 1976)).
C'est ainsi que l'histoire racontée s'ancre comme réalité de la situation vécue dans la mémoire de l'individu. Plus il la raconte à son entourage, plus elle prend force et vigueur.

Co-construction du sens

Dans une perspective constructionniste et existentialiste, on retrouve le point de vue de Sartre «L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. » ((Jean-Paul Sartre, Saint Genet, comédien et martyr)). L'interprétation de la réalité est plus importante que les faits eux-mêmes. Ce n'est pas la perte d'un emploi qui va déterminer la carrière future de Jean, c'est la manière dont il se perçoit et se raconte dans cette situation. Il peut considérer cet événement comme un échec, ou comme une opportunité pour créer sa propre entreprise, par exemple.
James et Barbara Allen ((ALLEN James et Barbara, Un nouveau type d'analyse transactionnelle : une version du travail sur le scénario à partir d'une sensibilité constuctionniste, AAT 93, 7-18)), qui reçurent le prix Éric Berne en 1998, invitent ainsi les analystes transactionnels à centrer leurs interventions sur la construction d'un sens nouveau plutôt que sur un dysfonctionnement ou un problème.
Le travail prendra la forme d'une co-création de sens, une co-construction entre l'analyste transactionnel et son client.

Sens ou influence

Lorsqu'il s'agit d'une création commune, on peut se poser la question de l'équilibre des idées. Qui est l'instigateur du sens, l'intervenant ou son client ? Dans quelle mesure celui-ci se fait-il influencer ?
L'influence est nécessaire pour la croissance, comme le raconte le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui a étudié la résilience ((Cyrulnik Boris. But pay essay writing essaydragon.com friends, family, forums, and frequent flyers are always telling you to write something extraordinary, right. Un merveilleux malheur. Odile Jacob, 1999 ; Cyrulnik Boris. Les vilains petits canards. Odile Jacob, 2001)), étonné par cette capacité de certains enfants à se remettre de leurs blessures après avoir vécu des traumatismes ou des guerres. Il insiste sur l'importance de l'influence d'adultes qu'il appelle tuteurs de résilience, qui apportent un soutien social à ces enfants, et leur permettent de donner un sens valorisant au rôle qu'ils ont joué dans ce qu'ils ont vécu.
Alors, est-ce un mal ? L'important est de placer la limite entre l'influence et la manipulation ((Cialdini Robert. Influence et Manipulation : Comprendre et Maîtriser les mécanismes et les techniques de persuasion. First Editions, 2004)). Le positionnement éthique de l'enseignant ou du consultant est nécessaire ((Bittar E. . Favoriser l'Apprentissage avec l'Analyse Transactionnelle, de l'ENS de Cachan, 2007)).
Le principe de l'Analyse Transactionnelle, depuis son origine, est de partager les outils d'analyse entre l'intervenant et la personne, ce qui permet à cette dernière de s'approprier la grille d'analyse, plutôt que de subir un diagnostic portée sur elle. La personne est ainsi auteure de la compréhension des enjeux relationnels, et non manipulée par un intervenant qui lui impose de voir le monde d'une certaine manière.

Sens et culture

, professeur de psychologie clinique, étend la réflexion sur le sens au contexte transculturel ((Tobie Nathan, L'Influence qui guérit, Poches Odile Jacob, 2001)) après avoir travaillé en ethnopsychiatrie avec des migrants originaires de sociétés non occidentales. Il explique l'importance d'utiliser un outil théorique congruent avec la culture de la personne, pour lui permettre de « se décentrer et de construire du sens ».

Culture et Analyse Transactionnelle

Dans la culture occidentale, l'Analyse Transactionnelle propose de tels outils pour co-construire du sens. En voici deux exemples :
  1. Des grilles d'observation simples et partageables, basées sur l'observation des influences parentales et des comportements familiers. Les en sont un exemple.
  2. Une invitation à la décentration, et à donner du sens au processus de la communication, au-delà du contenu manifeste des échanges. Éric Berne invitait à observer avec un regard «martien», pour répondre à la question « qu'est-ce qui se passe ici ? ». L'analyse des est alors l'instrument de référence.

Conclusion

Notre représentation de qui est l'autre a un impact sur lui. Dans le champ de l'éducation, des études ont montré que les croyances de l'enseignant sur le potentiel de ses élèves influencent la réussite de ceux-ci ((Rosenthal, & Jacobson. Pygmalion à l'école. Castermann, 1972 ; Chalabaev Aïna. Les attentes de l'enseignant d'EPS sont-elles biaisées par des stéréotypes ? Deux études en contexte expérimental et naturel. Mémoire de DEA, Grenoble : Université Joseph Fourier, 2003)). S'il les croit « bons » ou « doués », ils réussiront significativement mieux que s'il les croit «mauvais» ou « limités ».
l'énonce ainsi : « L'image que nous avons de l'autre n'est pas l'autre, mais une représentation. Le monde que nous imposent les sens dépend de notre façon de le voir. Pour nous, d'une certaine manière, l'autre est ce que nous pensons qu'il est » ((Alexandro Jodorowsky, La danse de la réalité, Albin Michel, 2002)).
Le principe de l'Analyse Transactionnelle consiste ainsi à partir de la confiance dans le potentiel de chacun et des ressources de l'intervenant et du client, à donner ensemble un sens à ce qui se passe dans la situation, en s'appuyant sur des outils partagés d'analyse relationnelle.
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