L’analyse transactionnelle est une théorie élaborée dans les années 1950 par le Docteur Éric Berne, psychiatre qui souhaitait mettre en place une nouvelle approche psychothérapeutique.
Si l’analyse transactionnelle possède de remarquables qualités et qu’elle propose également des grilles de lectures des comportements humains d’une grande pertinence, elle fait également l’objet de critiques régulières, plus ou moins fondées.
Parmi les critiques les plus couramment rencontrées, voici cinq idées reçues à ne pas croire à propos de l’Analyse Transactionnelle
1 - L’analyse transactionnelle est un outil de communication
C’est probablement l’idée la plus répandue sur l’analyse transactionnelle. Elle ne serait en fait qu’un outil pour mieux communiquer avec les autres.
Cette idée est à la fois fausse et vraie.
S’il est exact que l’un des usages que l’on peut faire de la théorie transactionnaliste est de faciliter les relations entre les humains, il est par contre très injuste de réduite son usage à cette seule fonction.
L’analyse transactionnelle est en effet à la fois une théorie de la communication, une théorie du développement humain, une théorie de la structure et de la dynamique des groupes et des organisations et un système psychothérapeutique très efficace.
2 - Selon les dogmes posés par l'AT, il faudrait obligatoirement être en position de vie +/+
Selon d’autres détracteurs de la théorie transactionnelle, celle-ci serait intolérante parce qu’elle imposerait la position de vie gagnant/gagnant comme seule position possible.
Cette lecture des positions de vie est en réalité fausse. Berne postule qu’il y a deux façons de se penser en relation avec les autres :
On peut penser de soi-même :
Je suis quelqu’un de bien
Ou
Je ne suis pas quelqu’un de bien
Et l’on peut penser des autres, ou du monde :
Qu’ils sont des gens bien
Ou
Qu’ils ne sont pas des gens bien.
Il en découle quatre positions de vie qui sont les suivantes :
Moi / Les autres
Je suis bien/Ils sont bien : +/+
Je suis nul/Ils sont bien : -/+
Je suis bien/Ils sont nuls : +/-
Je suis nul/Ils sont nuls : -/-
Je suis bien/Ils sont bien : +/+
Je suis nul/Ils sont bien : -/+
Je suis bien/Ils sont nuls : +/-
Je suis nul/Ils sont nuls : -/-
L’analyse transactionnelle propose la position +/+ comme un idéal facilitant la relation avec les autres, mais elle explique également pourquoi de temps à autre, nous basculons dans les positions défensives -/+ ou +/-, voire en position -/-.
3 - Selon l'AT, il faudrait accepter tout des autres.
Ce troisième mythe découle en fait du précédent. Si l’on considère que la seule position de vie acceptable est d’être en +/+, alors l’idée de n’être plus d’accord avec les autres peut facilement passer pour un passage en +/- ou en -/+.
Or, on peut parfaitement n’être pas d’accord avec les autres, ou avoir un point de vue différent tout en acceptant et en respectant ces derniers.
Ce qui par contre est parfaitement juste, c’est que les praticiens de l’analyse transactionnelle pensent qu’il est plus facile et plus respectueux d’entretenir des relations avec les autres en gardant une position de vie du type gagnant/gagnant.
4 -Selon l’AT, il faudrait toujours utiliser son État du Moi Adulte.
La théorie de l’analyse transactionnelle explique bien que nous disposons de trois états du Moi qui ont chacun des fonctions différentes. Deux d’entre eux ayant d’ailleurs au moins deux fonctions différentes qui peuvent s’exprimer positivement ou négativement. Ce qui ramène en fait les états du Moi au nombre de huit en tout, dans le modèle fonctionnel : Parent nourricier positif et négatif, Parent Normatif positif et négatif, Adulte, Enfant Libre, Enfant adapté rebelle et Enfant adapté soumis.
Si l’AT propose une grille de lecture aussi complète, ce n’est certainement pas pour imposer l’Adulte comme seul Etat du Moi valable.
Il s’agit donc ici d’une incompréhension du modèle fonctionnel des États du Moi, qui propose l’Adulte comme le capitaine du navire, c’est à dire qui lui attribue la fonction d’être à la gouvernance de notre vie. Il est préférable en effet de prendre les décisions importantes pour sa vie à partir de son Adulte, mais il est aussi utile de se divertir avec l’Enfant et de se protéger avec son Parent.
5 -L’analyse transactionnelle est une méthode sectaire
Enfin, certaines personnes s’appuient sur le rapport de la MIVILUDE de 2006 pour affirmer que l’analyse transactionnelle serait une méthode sectaire. C’est certainement l’idée reçue la plus destructrice que j’ai entendu à propos de l’AT.
Le rapport Mivilude 2006 épingle en réalité des praticiens peu scrupuleux qui utilisent l’AT ou se réfèrent à l’AT : « Il est évident que ce n’est pas l’outil qui doit être critiqué et à fortiori condamné. Mais la façon dont certains en ont usé ou en usent encore devrait donner lieu à un encadrement plus attentif et plus rigoureux, pour tenir compte des drames du passé, et pour qu’il apparaisse clairement que les abus sont critiqués et leurs responsables dévoués par la communauté elle-même ».
Il est d’ailleurs à noter que l’Institut Français d’Analyse Transactionnelle et l’Association Européenne des Analystes Transactionnels EATA ont depuis fait un travail remarquable qui va tout à fait dans le sens d’une amélioration de l’éthique professionnelle des praticiens qui se réclament de l’AT.
Conclusion
L’analyse transactionnelle est une théorie complexe qui traite à la fois de la communication, du développement humain, de la structure et de la dynamique des groupes et des organisations et qui est également un système psychothérapeutique pertinent.
S’il est probablement vrai que la communauté des transactionnalistes a encore à travailler afin de rendre plus crédible cette méthode de travail, notamment en la passant au crible de la méthode scientifique (ce qui est le but de l’association SOCRATE, une association de certifiés en analyse transactionnelle qui publie des recherches dans cette direction), beaucoup des critiques qui sont faites à l’encontre de l’AT s’avèrent souvent reposer sur de grosses méconnaissances de la méthode elle-même, voire parfois de positions dogmatiques difficilement défendables.