Synergie des 3 éléments d'un Etat du Moi

Selon la définition qu’en donne Éric Berne, dans son ouvrage : Principes de traitement psychothérapeutiques en groupe[i], « Un état du moi est un système cohérent de pensées et de sentiments directement associés à un ensemble correspondant de comportements. » Pensées, sentiments et comportements, que l’on peut schématiser de la façon suivante :

[i] Éric Berne, Principes de traitement psychothérapeutique en groupe,Éditions d’Analyse transactionnelle, 2006, §10.
Figure 1

La congruence entre les 3 éléments d’un État du Moi
À chaque instant, tout être humain élabore des pensées, éprouve des sentiments et se comporte de telle ou telle manière. Pensées en sentiments font partie de sa réalité interne, alors que tout ce qui touche aux comportements fait partie de la réalité externe, observable. Et selon une des lois de communication de Paul Watzlawick[i] : nul ne peut ne pas communiquer. Rester muet, hostile, les bras croisés, ne rien faire, ou même être absent est une manière non verbale très expressive de communiquer.

Quelques questions à se poser :
Y a-t-il congruence ou incongruence chez moi ou chez l’autre, entre ces trois éléments ?
L’un de ces éléments est-il prépondérant par rapport aux deux autres dans telle ou telle situation ? Par exemple : les sentiments ne brouillent-ils pas la pensée ?

Les 3 types de perception…
Pour affiner notre perception des 3 éléments d’un État du Moi, voici les déclinaisons proposées à partir des concepts :
1. de l’Analyse transactionnelle,
2. de la Psychosocionomie et de la Process Communication de Taïbi Kahler
3. et de la dynamique systémique relationnelle de Jean-Jacques Crèvecœur, qui s’appuie dans ce cas précis sur les outils de la PNL :
Selon les éléments du cadre de référence en l’Analyse transactionnelle
Il m’a paru intéressant de représenter dans un schéma visuel les éléments qui composent le cadre de référence, en les répartissant dans les 3 éléments d’un État du Moi :

[i] Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Don De Avila Jackson, Une logique de la communication, Points (Poche), 2014.

Figure 2
Figure 3

Selon les éléments de la Dynamique relationnelle systémique et la PNL
Ce schéma est similaire à celui des index de computation de la programmation neuro-linguistique, (PNL)[i], qui représentent les 3 états dans lesquels on peut se trouver au niveau de notre réalité consciente : processus internes (Pensées), états internes (Sentiments) et comportements externes (Comportements). De ce fait, pensées, sentiments et comportements se décomposent en une variété de pensées, de ressentis et d’expressions, comme on le voit sur ce schéma :

[i] Richard Bandler et John Grinder, Les Secrets de la communication : transformez votre vie et celle des autres avec la PNL, J’ai lu, 2011.
Figure 4

Quelques questions à se poser :
Quel est mon niveau de conscience de ces 3 éléments ?
Y a-t-il cohérence entre ce que je dis, c'est-à-dire la communication verbale (les mots 7%), la manière dont je l’exprime, c'est-à-dire la communication para-verbale (la voix, l’intonation 38%), et la manière dont je me comporte, c'est-à-dire la communication non verbale (les gestes, l’attitude 55%) ?
Le centre de gravité énergétique
Jean-Jacques Crèvecœur[i], physicien d’origine, formateur et conférencier professionnel propose de réfléchir à l’énergie disponible dans chacun de ces trois éléments d’un État du Moi, avec ce qu’il appelle le centre de gravité énergétique. En physique, le centre de gravité d’un objet est le point d’équilibre de l’ensemble des masses de cet objet. Si nous reprenons, dit-il, les 3 dimensions conscientes de la réalité, pour agir, pour penser et pour ressentir, nous avons besoin d’énergie. En effet, toute activité consciente humaine nécessite de l’énergie :

[i] Jean-Jacques Crèvecœur, Académie des relations authentiques, formation en ligne, Module 6 : « Je crée une dynamique de respect mutuel », étape 60 : « J’utilise le Centre de gravité énergétique ».
Figure 5
Fille
Imaginons une sphère représentant l’énergie totale disponible, à notre disposition, à l’instant T, variable évidemment en fonction des jours, de l’état de fatigue, de santé ou de maladie, etc., qui nous permet d’agir, de parler, de penser, de ressentir, puisque nous avons besoin d’énergie pour faire tout cela. Quand le centre de gravité énergétique est au centre de notre État du Moi, nous avons l’énergie disponible pour penser, sentir-ressentir et agir.
Or, en fonction de l’endroit où notre énergie est sollicitée, notre centre de gravité énergétique va se déplacer. Par exemple, si vous sollicitez fortement la pensée, une prise de tête, un problème de scrabble, une partie d’échecs, votre centre de gravité énergétique va se décentrer vers la pensée et donc vous aurez moins d’énergie disponible pour ressentir et pour agir : 
Figure 6
Garcon



En revanche, si par exemple, vous vous cognez le front dans une porte ou sur une poutre, et que vous ressentez une forte douleur, votre énergie est focalisée sur le sentiment-ressenti, et vous avez peu ou pas d’énergie pour penser ou pour vous exprimer. De même si vous êtes sous l’emprise d’une forte émotion, comme la panique ou la fureur, il n’y a plus d’énergie disponible pour la pensée : 

De même, si vous êtes occupée à faire votre activité sportive matinale, en équilibre sur les mains et que je vous demande de faire une opération de calcul mental, vous aurez beaucoup de difficulté à le réaliser, car 80% de votre énergie est mobilisée par ce que vous êtes occupé à faire. 
Figure 8

Quelques questions à se poser :

Quel est mon niveau de conscience de la quantité énergétique active dans chacun des 3 éléments d’un État du Moi, à l’instant T ?
Ai-je conscience d’un équilibre ou d’un déséquilibre ?
 
Les portes d’entrée de la communication de Paul Ware
Selon Paul Ware[1], chacun selon sa structure de personnalité de base, sa structure perceptive va entamer ce circuit Pensées-sentiments-comportements par une porte d’entrée spécifique. Par exemple, une personne avec une structure de personnalité de base méthodique entrera en communication par la porte d’entrée de la pensée, puis aura comme porte visée le sentiment, pour finir par la porte piégée, celle de l’intimité qui est le comportement. Cela veut dire que confronter cette personne sur sa façon d’agir risque de la bloquer, si l’on n’est pas dans une structuration du temps proche de l’intimité.
A contrario, une personne avec une structure de personnalité de base audacieuse entrera en communication par la porte d’entrée du comportement, de l’action, puis aura comme porte visée le sentiment, pour finir par la porte piégée, celle de la pensée[2].
Quelques questions à se poser :
Chacun des éléments constituants de la personnalité possède une entrée privilégiée. Quelle est mon entrée privilégiée dans telle ou telle situation ? La pensée ? Le sentiment ? Le comportement ? Ma porte d’entrée est-elle toujours la même dans toutes les situations ? Dans ma vie professionnelle et ma vie personnelle ?
 
Éric Berne se plaisait à dire que tous les concepts d’Analyse transactionnelle devaient être accessibles à un enfant de 6 ans. De fait, ils sont souvent simples à comprendre, et peut-être un peu plus difficile à explorer dans la pratique. Et leur apparente simplicité permet également des combinaisons fructueuses, pour aborder la complexité de la vie quotidienne et de l’être humain, puisque, bien entendu, la carte n’est pas le territoire.

[1] Paul Ware, « Types de personnalité et plan thérapeutique », Actualités en Analyse transactionnelle, n°28, octobre 1983, pp.156-165 ; Les Classiques de l’Analyse transactionnelle, Vol. 4, pp. 264-273.

[2] Voir aussi du même auteur sur le blog : « Les 3 portes de la communication dans le déroulement de la structuration du temps », et « Du stress aux talents, les 8 structures de personnalité ».

Marielle De Miribel
P.T.S.T.A. Organisation 
Formatrice Certifiée en P.C.M. et P.S.N.
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