Mon métier d'inspectrice d'écoles et de formatrice d'enseignants concernait deux types d'apprentissages, ceux que font les enfants avec les enseignants et ceux que peuvent faire parfois les enseignants avec leur inspecteur. Les deux sont sensiblement améliorés quand la relation est bonne.
L'A.T. m'a servi à observer la relation pédagogique enseignant/élèves en situation d'inspection, mais aussi à conseiller l'enseignant sur ce qu'il convenait de faire, d'une manière qui pouvait être acceptée. Je notais les interactions entre un élève ou des élèves et l'instituteur, les mimiques, les paroles et, lors de l'entretien qui suivait l'observation de classe, nous partions, l'enseignant et moi, de ces éléments pour analyser ce qui se passait et voir comment on pouvait faire autrement ou pourquoi c'était une intervention appropriée. Reproduire ce qui a bien fonctionné suppose en effet de comprendre ce qu'on a fait.
En voici une illustration : une institutrice m'avait demandé d'observer le climat de la classe dans le feuillet de préparation que je proposais de remplir avant l'inspection et qui comprenait la rubrique : "Que désirez-vous que j'observe en particulier?". (C'était la manière dont je mettais en place des relations de type contractuel dans cette situation d'évaluation unilatérale). J'avais donc porté mon attention sur les relations entre les élèves et sur la manière dont l'institutrice intervenait. À un moment, deux enfants se sont disputées. On faisait du calcul mental et l'une avait copié son résultat sur l'autre. Cette dernière a protesté et dit "Maîtresse, elle a copié sur moi!". L'institutrice a répliqué : "Tu n'as qu'à cacher ton ardoise!". Un peu plus tard, au moment du comptage des points, celle qui avait copié s'était écriée : "Maîtresse elle a triché ! Là, elle avait zéro !