
Image Parent
Rendons au Parent ce qui lui appartient
L'Etat du moi Parent est souvent présenté ainsi : il enregistre et conserve l'ensemble des pensées, sentiments et comportements de figures d'autorité introjectées, c'est-à-dire purement et simplement copiées-collées. Pour l'enfant, il s'agira de figures parentales mais, l'Etat du moi Parent ne cessant pas d'exister avec la croissance, la personne une fois adulte pourra alors y intégrer d'autres figures d'autorité ; un grand professionnel, un maître à penser, etc. Dans ce dernier cas, j'utilise le mot « intégrer », puisqu'il s'agit d'une modélisation positive et non d'une introjection…. Mais, comme vous, j'ai remarqué ce changement de vocabulaire et je me suis interrogé : comment l'Etat du moi Parent « réservoir d'introjections » pour l'enfant peut-il devenir pour l'adulte un « réservoir de modélisations » ?
J'ai l'impression que présenter l'Etat du moi Parent ainsi c'est ne pas faire le distinguo entre sa fonction et « l'usage » qui peut en être fait.
À mon sens, la fonction de l'Etat du moi Parent n'est pas l'introjection de figures parentales.
Comme le rappelle José Grégoire, il a pour fonction « de nous permettre de mémoriser, d'organiser et de tirer profit des réactions de l'autre, surtout s'il compte pour nous ». ((Les Etats du moi - Trois systèmes interactifs, Editions AT, 2007, p. 50 ))
Mais l'usage qui peut en être fait peut être sain ou problématique en fonction des circonstances.
Il pourra être problématique lorsque l'enfant, placé dans une situation pathogène, utilise son Etat du moi Parent non pour apprendre, mais pour se protéger. On retrouve ici l'introjection au sens strict c'est-à-dire un mécanisme de défense.
Mais l'Etat du moi Parent n'est pas, me semble-t il, réductible à cet usage : si l'environnement est vécu positivement par l'enfant, celui-ci pourra s'en servir pour intégrer des modèles parentaux essentiels pour son apprentissage.
De la même façon, l'adulte qui a intégré, digéré les figures parentales d'abord introjectées, recouvrera alors toute la plénitude de la fonction de son Etat du Moi Parent : il pourra « mémoriser, organiser et tirer profit des réactions de l'autre » - de « n'importe quel » autre qui « compte pour lui » - et pas seulement des figures limitantes de son autonomie.