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Pansement
Dans mon cadre de référence, la guérison du scénario se ramène à ma définition de l'état OK : c'est la croyance, et le bien-être qui l'accompagne, que, quoi qu'il m'arrive, quelque mauvaise que soit la situation, l'expérience qui m'attend me permettra d'apprendre et de grandir
" Richard Erskine (Psychothérapeute TSTA, double prix Éric Berne) ((in
Guérir le scénario : niveaux comportemental, intrapsychique et physiologique
, Classiques AT, Vol. 2, p. 202))
Au-delà d'une philosophie de la vie, que je trouve personnellement intéressante, ce que propose ici R. Erskine est une lecture de la guérison par l'apprentissage, de la croissance via un processus : tirer un enseignement de l'expérience. C'est un peu la boucle de rétroaction (le fameux feed-back) : je fais quelque chose qui produit un effet dont je tire des conclusions pour le répéter (si c'est ok pour moi) ou le rectifier (si c'est non ok). C'est une façon de maximaliser nos chances de vivre comme nous le souhaitons : lorsque ce que je vis est bon pour moi, je peux m'y arrêter pour voir en quoi mon apport a été bénéfique, lorsque je vis une expérience douloureuse, je peux prendre le temps de voir en quoi j'aurais peut-être pu faire autrement. Et j'avance.
En amont, il est par ailleurs probable que plus je prends le temps de m'arrêter et de réfléchir au geste à adopter face à un événement plus je suis libre de le choisir, moins je suis dans le réflexe. Ma décision sera d'autant plus juste que mes apprentissages auront été riches et nombreux.
Cela peut être pertinent pour les événements pour lesquels nous avons une part de responsabilité. Mais est-ce toujours le cas ? Par exemple, une très forte tempête qui renverse ma toiture ?
Réponse que je nuancerai. Je pourrais dire que si la tempête est si forte c'est parce que les conditions économiques dans lesquelles nous (et je fais partie de ce nous même à une infime proportion) vivons ne respectent pas l'environnement et dérèglent les manifestations naturelles.
Je peux aussi m'interroger sur la qualité de ma toiture et sur mon choix de l'artisan. Ai-je vérifié d'une façon ou d'une autre ses compétences ? Ai-je privilégié la quantité à la qualité, etc.
D'un point de vue théorique, cela dépend de la définition que l'on adopte du scénario : un "plan de vie" dans lequel je suis immergé de A à Z ou un serpent de mer qui, à fréquence et à intensité variables, "rencontre" le cours de ma vie.
Dans tous les cas ce qui est essentiel c'est ce que je fais de l'événement. Je peux décider d'en apprendre "quelque chose" sur moi, les autres ou le monde qui m'entoure. Il s'agit notamment d'accepter de revisiter, et peut-être de changer, nos croyances. Comme nous le rappelle François Delivré :
"Les croyances sont la base de la vie psychique. Nous les utilisons pour effectuer des prévisions sur ce qui va arriver et prendre ainsi des décisions. Un principe : adopter le plus possible l'attitude cartésienne ("ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle")".
Ou je peux m'en servir pour : justifier des croyances ("évidemment il n'y a qu'à moi que ça arrive"), ressentir une émotion racket ("ce @#! d'artisan !") et éprouver une position de vie qui en découle… Avec le même évènement, ce ne sera pas in fine le même apprentissage. Dans le premier cas, il y a de fortes chances pour que cette situation ne se reproduise plus, dans le second…