Face au harcèlement sexuel, comment font les femmes ? Elles se débrouillent !
Le harcèlement sexuel est la manifestation la plus crue du sexisme, les autres étant les différences de droits : au travail (salaires plus bas et promotions plus rares, temps partiels plus fréquents), dans la vie politique (position en second sur les listes électives), dans la famille (familles monoparentales) et la vie amoureuse (la contraception à leur charge). Ces différences de droits tiennent à la société patriarcale et aux rapports de domination des hommes sur les femmes qui caractérisent celle-ci. Si les femmes et les hommes étaient perçus comme d’égale valeur et ne grandissaient pas dans un environnement qui leur fait trouver normale l’asymétrie de leurs droits, la question se poserait seulement en termes individuels de pouvoir et d’abus de pouvoir.
Alors que le harcèlement moral concerne toutes les personnes en position asymétrique, le harcèlement sexuel concerne exclusivement le sexe. Les actes de harcèlement visent à importuner les femmes, à les intimider pour obtenir d’elles des faveurs qu’elles ne sont pas prêtes à donner. Leur non est alors considéré comme un oui. La recherche du plaisir n’est pas en cause car le plaisir se donne dans un échange consenti alors que le harcèlement permet de jouir de la domination sur l’autre et d’un sentiment de toute puissance.
Est-ce encore si fréquent dans nos sociétés si policées ? On croyait que non jusqu’à ce qu’éclate l’affaire Harvey Weinstein, ce producteur américain accusé de harcèlement et de viol par plusieurs actrices. L’existence des réseaux sociaux a rendu possible le déclenchement de révélations en chaine de la part de très nombreuses femmes qui grâce à leur anonymat ont pu révéler ce dont on ne parle pas. On connaissait cette réalité, pas son étendue. On a découvert que pratiquement toutes les femmes ont eu à se plaindre de harcèlement sexuel à un moment ou un autre de leur vie, soit de manière en apparence anodine, qu’on qualifie de « flirt lourdingue » ou de « drague importune », comme de se faire siffler dans la rue ou de s’y faire assaillir de propositions sexuelles explicites, soit de manière gravissime (agressions et viol). Il s’agit dans tous les cas pour les harceleurs d’obtenir du sexe par la force ou la ruse avec la complicité de la société toute entière puisqu’elle leur assure l’impunité. Pire, ils pensent que c’est leur droit, que ce n’est pas grave, que c’est ce que désirent les femmes sans se l’avouer. Ils méconnaissent la gravité de leur comportement. C’est une des raisons pour laquelle il est si difficile pour leurs victimes d’obtenir réparation.