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On devient humain par la relation - Mary Balmary

On devient humain par relation
Extrait du livre de Marie Balmary
"D'après le bon vieux dictionnaire Bailly, symbolon, en grec, signifie d'abord "signe de reconnaissance" et, primitivement, "un objet coupé en deux, dont deux hôtes conservaient chacun une moitié qu'ils transmettaient à leurs enfants ; ces deux parties rapprochées servaient à faire reconnaître les porteurs et à prouver les relations d'hospitalité contractées antérieurement". Ce rapprochement, c'est justement le sens du verbe sun-ballō (composé de sun = ensemble, et du verbe ballō = lancer) donc jeter ensemble, aboutir au même point, où ce qui est lancé s'inscrit. À l'origine, le symbole est un double signe qui, réuni, sert à faire reconnaître non pas tant une personne que la relation qui l'unit à une autre. D'ailleurs, n'est-ce pas le propre de tout signe de reconnaissance ?" ((Marie Balmary, L'Homme aux statues, Freud et la faute cachée du père, Grasset, 1979, p. 22 ))
Tout est dit, non ? Je vais néanmoins lui redonner la parole, l'adjonction de ce qui suit à ce qui précède donne au tout un certain relief :
"On advient donc à soi par un autre qui croit en nous ?
M. Balmary : Oui, il ne suffit pas de multiplier des cellules pour que ça donne un être humain. On devient humain par la relation. Par un autre qui croit que vous existez vraiment, que vous êtes un être parlant qui cherche à en rencontrer d'autres, qui peut accomplir ce désir. Croire, là, prend son sens hébreu de « c'est solide… je peux m'appuyer dessus », tout le contraire de « je me prosterne ».
Cela implique-t-il un type de relation particulier ?
M. Balmary : Oui, que ce soit du côté religieux ou de celui de la psychanalyse, croire, c'est avoir une intuition de l'invisibilité de l'homme. Et ce qui est invisible doit être deviné, cru, accueilli, pour oser se montrer. Si quelqu'un a peur, il restera dans son for intérieur, caché, il ne pourra pas se manifester à l'autre. Il est d'ailleurs remarquable que la première fois que l'homme dit « je » dans la Bible, c'est pour dire « j'ai peur » (de toi, de la présence qui arrive). Qu'elle soit divine ou non, la présence d'un sujet pour quelqu'un qui n'est pas encore sujet est une épreuve. Il faudra qu'un autre le reconnaisse, le confirme : « Pour moi, tu existes, tu comptes. Je crois que tu as quelque chose à dire. Toi seul peux le dire, moi je ne sais pas, je ne suis pas toi. » Ce croire est un respect, fondateur de l'identité". ((in Entretien avec Marie Balmary - Psychologies))
Éric Berne définit les signes de reconnaissance comme "tout acte qui implique la reconnaissance de la présence d'autrui". ((Des jeux et des hommes, Stock))
Deux personnes qui échangent un signe de reconnaissance (contenu) entrent par là même en relation (processus).
Pour quel sens ?
"Le symbole est un double signe qui, réuni, sert à faire reconnaître non pas tant une personne que la relation qui l'unit à une autre" :
Il s'agit, à mon avis, avant même la mise à jour d'un type de relation (professionnelle, affective, amicale…), de la reconnaissance d'une relation à l'Autre qui signe une double appartenance à la communauté humaine.
Allez, encore un peu… Marie Balmary continue ses associations étymologiques avec les mots diabolique et symptôme pour lesquels je ne reprends pas la démonstration ici. De l'échange de signes de reconnaissance peut émerger un sens… symbolique, mais pas que… S"il n'est pas conscientisé (les ? dans le schéma ci-dessous), l'adjonction d'un signe de reconnaissance à un autre peut donner : un symptôme. Que l'on pense par exemple à un couple qui se querelle systématiquement, de telle sorte que l'on pourrait qualifier cet échange récurrent de signes de reconnaissance de jeu psychologique : quel serait alors le sens caché de cet échange symptomatique ?
Ce qui donne, à mon interprétation, ce schéma :
Schéma symbole symptôme
Schéma symbole symptôme
Parfois, nous sommes confrontés à une période sans sens, difficile et douloureuse, où le pourquoi de ce que nous faisons, de ce qui nous arrive est bien mystérieux. Soyons patients. Il arrive aussi le jour - longtemps après peut-être -  où les pièces du puzzle s'assemblent et où le symptomatique prend sens.
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