2. La délicate subtilité de l'intimité...

Le cadran de l'intervention

Le syndrome du Titanic

"Le corps content et l'éthique tranquille", disait Carlo Moiso, nous avons ici une magnifique opportunité de questionner, de "nourrir" notre éthique.
Il n'y a pas si longtemps que cela l'Homme, habitant esseulé d'une planète flottant dans l'Univers mais rarement seul, vivait en lien constant avec son environnement ; il lisait les étoiles, suivait le rythme intangible des saisons, respectait cette Terre qui le faisait vivre. Aujourd'hui et pour la première fois de son histoire, il s'est coupé de repères essentiels :  de sa terre que, tout entouré de béton, il ne voit plus, des étoiles, qu'il ne distingue plus tant les nuits sont éclairées, de l'Autre, qu'il ne rencontre plus, occupé qu'il est à suivre les programmes virtuels ou qu'il n'envisage que comme un potentiel à exploiter, un concurrent ou un objet. Il mondialise, et ce faisant uniformise et gomme petit à petit les différences entre les peuples, toutes ces différences qui sont autant de richesses… avec quelques constantes : les pays riches dont la capacité à produire du besoin semble illimitée - sans pour autant que ses habitants ne soient satisfaits -  sont toujours plus opulents, et les pays pauvres à qui il manque l'essentiel, toujours et encore. 
Il semble que cette évolution ait été inévitable, Barjavel avec Ravage, Robert Merle avec Malevil ou Roy Lewis, Pourquoi j'ai mangé mon père, et beaucoup d'autres nous le rappellent. Un temps, il a semblé que l'Homme pouvait vivre "en pouvoir sur" la nature. À présent, il doit apprendre à vivre avec, en interdépendance : une occasion de grandir ?
"Le monde d'avant-hier, c'est celui d'aujourd'hui, ce sera aussi celui de demain : les intrigues politiques, les calamités de la guerre, les jeux de pouvoir, la stratégie cynique des puissants, l'enchaînement des trahisons, la complicité de la plupart des philosophes, les gens de Dieu qui se révèlent gens du Diable, la mécanique des passions tristes - envie, jalousie, haine, ressentiment, le triomphe de l'injustice, le règne de la critique médiocre, la domination des renégats, le sang, les crimes, le meurtre…
Le repli sur son âme consiste à retrouver le sens de la terre, autrement dit, à se réconcilier avec l'essentiel : le mouvement des astres, la logique de la course des planètes, la coïncidence avec les éléments, le rythme des saisons qui apprennent à bien mourir, l'inscription de son destin dans la nécessité de la nature.
Fatigué des misères de ce temps qui sont les ancestrales souffrances du monde, il faut planter un chêne, le regarder pousser, débiter ses planches, les voir sécher et s'en faire un cercueil dans lequel on ira prendre sa place dans la terre, c'est-à-dire dans le cosmos".
Michel Onfray, Le Recours aux forêts, la tentation de Démocrite (Galilée, 2009)
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